• kananga : faits divers

     

      

    En RD Congo, les veuves ne veulent plus être comprises dans l’héritage

     

      
     
     

    A Kananga (République démocratique du Congo), les femmes cherchent à mettre fin à la coutume qui oblige une veuve à se remarier dans sa belle-famille.  

     

    «A la mort de mon mari, j’ai refusé de me remarier avec son frère, comme me l’imposait ma belle-famille. J’ai quitté la famille, laissant derrière moi mes cinq enfants. Mais je ne regrette pas ce sacrifice, raconte Élisabeth Bilonda. Mon prétendant de beau-frère était trafiquant à Tshikapa, une zone minière réputée pour la prévalence du vih-sida. Je ne voulais pas risquer ma vie».

     

    D’autres ont eu moins de chance ou de courage qu’elle. «Je suis malade du sida. Je n’ai jamais commis d’adultère de ma vie. J’ai été contaminée par mon beau-frère que j’ai épousé à la mort de mon mari. J’avais cédé aux pressions, espérant protéger mes enfants. Je vais mourir et ils vont se retrouver orphelins de père et de mère», témoigne une jeune mère en phase terminale.

     

    Le remariage dans la belle-famille reste pratiqué dans beaucoup de villages du Kasaï occidental, même si les femmes prennent de plus en plus le courage de revendiquer leur liberté de choix. «Nous devons protéger les femmes et les enfants contre ces coutumes dépassées. La constitution prévoit l’égalité entre hommes et femmes, mais ce que nous réclamons, c’est la justice au quotidien», souligne Marie-Jeanne Tudimuene, haut-fonctionnaire. Même instruites et informées, les femmes se laissent prendre au piège de la tradition.

     

    La tâche est ardue, car il est difficile de lever toutes les croyances. Même parmi les femmes instruites et informées, certaines se laissent prendre au piège de la tradition. «J’ai refusé de me remarier dans ma belle-famille, mais par peur, j’ai accepté d’avoir des relations sexuelles avec un membre de la famille pour, paraît-il, lever le deuil de mon mari. Selon la coutume, je risquais la mort ou la folie si je refusais. Mes études ne m’ont servi à rien dans cette affaire. Aujourd’hui, je regarde cette personne avec dégoût», confie une jeune femme médecin.

     

    Pour maintenir la pression sur les jeunes femmes, quelques personnes âgées brandissent la menace. «Nos ancêtres rappellent qu’on peut traverser un pont, mais qu’on ne peut pas transgresser les lois qui nous régissent. Ceux qui ne respectent pas les coutumes seront tôt ou tard punis par la mort ou la folie», clame Mutombo, un notable de 73 ans qui rêve encore d’imposer sa loi aux jeunes générations.

    Source: tamtamcongo


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